Encore un beau projet en préparation à Plougastel-Daoulas avec le Geopark Armorique…
Depuis quelque temps, le Geopark travaille aux côtés d’ingénieurs et d’enseignants-chercheurs pour la valorisation virtuelle du Rocher de l’Impératrice, grâce à la technologie de réalité augmentée. Le Musée du Patrimoine de Plougastel-Daoulas, Maison du Geopark Armorique, pourrait ainsi offrir bientôt aux visiteurs une expérience humaine et archéologique inédite.
Le Rocher de l’Impératrice, qu’est-ce-que c’est ?
Qui n’a pas entendu parler du Rocher de l’Impératrice, un petit abri sous roche occupé il y a plus de 14 000 ans dont la fouille est en cours depuis 2013 sur la commune de Plougastel-Daoulas ?
Les travaux en cours suggèrent pour le moment que ce site a été occupé à plusieurs reprises par de petits groupes de chasseurs-collecteurs paléolithiques lors de courtes occupations. Les préhistoriques semblent essentiellement s’y être installés lors d’opérations de chasse afin de préparer / réparer leur équipement, mais également pour traiter le gibier.
Ce site est particulièrement connu aujourd’hui pour avoir livré une cinquantaine de fragments d’incroyables plaquettes de schistes gravées. Sur certains de ces éléments d’art mobilier, on distingue des animaux comme des aurochs ou encore des chevaux. Ces témoignages constituent aujourd’hui les plus anciennes traces d’art en Bretagne.

Un témoignage paléolithique exceptionnel

A l’échelle européenne, les témoignages artistiques des groupes de cette période préhistorique (Azilien ancien) sont particulièrement rares.
Ils se situent dans une période de transition entre deux grandes cultures du Paléolithique supérieur : le Magdalénien et l’Azilien. Ce jalon du Paléolithique, marqué par de nombreuses transformations techniques, économiques, sociales et symboliques est très peu documenté en Europe. Ces changements interviennent durant une période marquée par une profonde transformation des environnements.
Le Rocher de l’Impératrice est un site clef car il permet de mieux comprendre la nature et le rythme de ces changements, notamment sur le plan graphique. Certaines plaquettes portent en effet des dessins très figuratifs de chevaux ou d’aurochs qui rappellent les thèmes du Magdalénien qui précèdent cette période.
Un environnement autrefois bien différent
Cet abri-sous-roche préhistorique occupait alors une position stratégique : situé sur un point haut, il offrait une vue dégagée sur l’actuelle rade de Brest – une zone totalement exondée à l’époque puisque la ligne de rivage devait se trouver alors plusieurs dizaines de kilomètres à l’Ouest, au large de l’Île de Ouessant.
Les grands espaces incisés par de nombreux fleuves côtiers que le site surplombait étaient alors une zone de chasse privilégiée. Cette grande steppe était parcourue par de nombreux grands ongulés comme des aurochs (grands taureaux sauvages), des chevaux ou des cerfs.
Un projet de réalité virtuelle

Cette aventure scientifique permettra aux futurs visiteurs du Musée de Plougastel de s’immerger dans l’exceptionnelle histoire humaine et archéologique du site !
A terme, des outils de médiation innovants, rendus possible grâce aux technologies de la réalité virtuelle permettront de revivre l’histoire du site depuis sa formation géologique (+ de 500 millions d’années), son occupation, activités et usages il y a 14 500 ans, son évolution géomorphologique jusqu’à aujourd’hui, et sa dynamique scientifique, qui livre aujourd’hui (une partie de) ses secrets…
Un projet développé aux côtés d’une équipe multidisciplinaire
Ce projet de valorisation et de médiation est porté par une équipe d’enseignants-chercheurs et ingénieurs :
- ➡️ Nicolas Naudinot, Enseignant-Chercheur à l’Université Côte d’Azur (UMR 7264 CEPAM-CNRS)
- ➡️ Ronan Querrec, Directeur technologique au Centre Européen de Réalité Virtuelle (CERV)
- ➡️ Marie-Morgane Abiven, Ingénieure de recherche Post-Doc Médiation et Réalité Virtuelle à l’UBO, l’ENIB (CERV) et l’IUEM
- ➡️ Frédéric Devillers, Ingénieur de recherche au CERV
- ➡️ Sabine Sorin-Mazouni, Ingénieure de recherche CNRS (UMR 7264 CEPAM-CNRS)
- ➡️ Marine Laforge, Géoarchéologue/Géomorphologue chez Éveha
Nicolas Naudinot, Maître de conférences à l’Université Côte d’Azur, est aujourd’hui le responsable des fouilles qui ont lieu depuis 2013 au Rocher de l’Impératrice. Elles sont soutenues par le Conseil départemental du Finistère, la DRAC Bretagne et la commune de Plougastel-Daoulas. Mais c’est Michel Le Goffic, alors archéologue de la mission archéologie du Conseil général qui avait découvert ce site en 1987. Il a donc fallu attendre trente ans pour que les fouilles aient enfin lieu, la patience a payé.
Quelle géologie au Rocher de l’Impératrice ?
Le Rocher de l’Impératrice appartient à la Formation des Quarzites de la Roche Maurice (considérée comme un équivalent latéral de la Formation du Grès armoricain d’âge floien), qui constitue une ligne de crête presque continue de Landivisiau jusqu’à la sortie du goulet de la rade de Brest. Ces rochers correspondent aux quartzites supérieurs de la formation.
De nombreux plans de fracturation affectent les bancs de quartzites et l’un d’entre eux a donc constitué l’abri-sous-roche du Rocher de l’Impératrice.
